Cesson, Tremblay, Toulouse et Limoges. Plus de 13 saisons au plus haut niveau, dont 3 au sein du LH, Romain Ternel raccrochera à l’issue de cette saison 2020-2021 et a décidé de débuter sa reconversion au sein du Fenix Toulouse, où il prendra la direction du centre de formation.


Romain, à compter de la saison prochaine, ta vie prend un autre tournant, quel est ton ressenti ? 
 

De la fierté, de la tristesse aussi, tout est mélangé, la décision est toute récente, émotionnellement ce n’est pas un moment facile. C’était une grande décision de se dire d’arrêter pour un sportif qui a fait ça pendant plus de 16 ans, tous les jours avec passion. De se dire qu’on ne tiendra plus un ballon dans ses mains, ne plus avoir cette adrénaline des matchs, ça va faire bizarre, mais d’un autre côté je me rends compte que j’ai une chance inouïe de pouvoir accéder à un poste comme ça et de continuer de vivre de ma passion.  

Tu as pris la décision de ne pas poursuivre ta carrière, mais opter pour une reconversion, au vue du contexte actuel c’était une rare opportunité à saisir ?  

Tout à fait, surtout lorsqu’il s’agit d’un club par lequel je suis passé, là c’est sûr que le passage sera difficile et je ne m’y attendais pas du tout. Cela faisait quelques années que je pensais à mon après-carrière, j’ai entamé une formation d’entraîneur et quand on te propose une telle opportunité, surtout si c’est dans la durée et dans un domaine dans lequel j’ai un fort attachement, c’est plus un choix de raison. J’ai également l’opportunité de décider quand mettre le point final à ma carrière sportive avec le sentiment du devoir accompli, monter avec Limoges et maintenir le club en Lidl Starligue. 

 A Limoges tu as également occupé le poste d’entraineur des U18, est-ce que cela t’a motivé dans ton choix d’après-carrière ?   

Ce qui est sûr, c’est que c’est lorsqu’on m’a proposé d’entamer une formation d’entraîneur et de me mettre le pied à l’étrier au LH avec les U18, par le biais de cette expérience, que j’ai trouvé ma voie. J’en serais à jamais reconnaissant et je voudrais remercier les personnes qui m’ont aidé dans cette démarche. Tout le monde durant ma carrière m’avait dit que j’étais fait pour ça.     

Est-ce que tu avais peur de faire la fameuse « la saison de trop » ?  

En effet, ce n’est pas ce qui a pesé dans la décision finale, mais ça m’a conforté dans le souhait de s’offrir la plus belle des sorties, de pouvoir choisir son moment.

 

Il reste encore une demi-saison à faire et je sais que je dois être encore plus performant qu’avant, mais dans l’objectif maintien on est très bien engagé. Je pense que je vais continuer d’être moi-même, respectueux, à l’écoute, envers le club, les partenaires, les supporters et partir sur une belle image que plutôt finir ma carrière en ne jouant plus, en disparaissant lentement du paysage en étant moins bon oU en se blessant, cela aurait eu un autre goût, décider de sa sortie c’est une chance.    

Un joueur qui faisait le Final 4 de la Coupe de la Ligue et qui se retrouve la saison suivante en Proligue, c’était une surprise. Tu es satisfait de ce challenge ?

C’est ce à quoi je m’attendais et le challenge proposé m’a motivé. Lors des discussions à l’époque on me présentait un club qui se structurait étape par étape et je pense que c’est ce que j’ai vécu.

La première année, on accède aux Playoffs, sachant que l’année précédente le club a lutté pour le maintien. La deuxième année, on est leader et on perd cette tête quelques semaines avant le confinement et cette accession en Lidl Starligue. Cette année, c’est bien au-delà de ce que je pensais en matière de résultats.
La structuration du club, c’est également pour cela que je suis venu, on voit bien que c’est réfléchi, c’est sain, il y a un projet économique, sportif et tout est bien ficelé. Aujourd’hui je suis très surpris de la dimension que prend le LH, le rayonnement dans la ville et l’engouement des supporters, des partenaires et tout ce qui se passe autour du club. Si ça continue dans ce sens, Limoges pourra prétendre dans quelques années à plus dans l’élite du Handball Français.     


Imaginais-tu une telle carrière, quand tu as commencé le Handball ?
  

Non, car je ne suis pas issue d’un centre de formation, j’ai fait un pôle espoir, j’en profite pour remercier Yoann Delattre, la personne qui a eu confiance en moi, qui est venue me chercher au pôle alors que j’en avais pas spécialement envie. Ma carrière est allée crescendo, je débute en D2, je deviens titulaire puis je suis approché par d’autres clubs mais le vrai tournant c’est en 2008, lorsque je décide d’arrêter mes études de STAPS pour me consacrer et me donner à fond au handball en ayant pour objectif de jouer dans l’élite, cette année-là je deviens le capitaine de Cesson et je signe mon premier contrat professionnel.
La suite, c’est 4 belles années en Bretagne et derrière Tremblay et Toulouse. Je ne pensais pas que j’allais autant bouger durant ma carrière, c’est paradoxal mais je pense être un joueur de club, car quand je suis dans un club, j’essaie de m’y attacher, de comprendre l’ADN et que c’est comme ça que je peux être performant sur le terrain.  


Quel a été ton meilleur et pire souvenir en carrière ?
   

Le meilleur, c’est la montée en D1 avec Cesson, parce que c’était l’aboutissement pour moi de quelque chose, j’étais en début de carrière et c’était ma première vraie récompense.

Pour le moins bien, c’était ma dernière saison à Tremblay, car c’est durant cette saison que je contracte une grosse blessure aux adducteurs alors que j’étais en fin de contrat et que je devais me préparer mentalement à rebouger et s’est ajouté à cela tous les pépins physiques des coéquipiers qui ont fait que la saison n’était pas évidente à aborder sur le plan sportif.

Côté souvenirs LH, quel moment a été le plus marquant ? 
 

Ce que j’ai en mémoire c’était la première saison à Limoges,  je ne  m’attendais pas à arriver dans un collectif qui était marqué par la précédente saison qui était mentalement rude (le LH s’est battu pour sauver sa place en Proligue jusqu’à l’avant-dernière journée au terme d’une saison difficile). C’est aussi la première fois dans ma carrière que j’ai ressenti une attente et j’ai réussi à me forcer à prendre le lead alors qu’habituellement je prends le temps d’analyser et de mettre un peu en retrait et avec William (Annotel), il fallait mener la barque quitte à se faire détester par les autres coéquipiers. Ce que je retiens, c’est que bien au contraire tout s’est bien passé, les coéquipiers ont été très réceptifs et à l’écoute et que finalement on a fait une très belle saison et que collectivement on avait vécu quelque chose de top et je sentais que c’était le début de l’histoire du LH, l’image du club avait changé, Beaublanc était plein pour un match de Proligue et c’est ce qui m’a marqué. 

Tu as pensé aux fans de Romain Ternel qui vont se retrouver orphelins de pif paf gauche droite ?  

(Rires) j’espère avoir du public avant la fin de la saison pour en partager quelques-uns avant de stopper !  

Quel message souhaites-tu faire passer à l’aube de cette deuxième partie de saison ? 

 J’espère que les supporters et partenaires vont vite revenir pour profiter du Handball, je vous remercie du soutien durant ces 3 années. Tout particulièrement, je remercie mes coéquipiers, mes petits joueurs de -18 qui ont contribué à me faire grandir en tant qu’homme et futur entraîneur et un gros merci au club, aux dirigeants et ceux qui sont dans les bureaux qui font un travail de dingue et qui ont tous compris mon choix. Maintenant je fais partie de la famille du LH et je suis content de finir ma carrière de joueur à Limoges.

Le mot de la fin pour Alain Aubard, le Président :   

« L’arrivée de Romain Ternel a marqué un tournant dans l’histoire du club, son départ ne peut que nous attrister, c’est la perte d’un grand joueur, d’un grand coéquipier et d’un grand homme.

Romain avait pour mission de nous faire monter en Lidl Starligue en 3 ans, il l’aura fait en 2 ans avec en prime de superbes résultats pour cette année d’accession.

Romain a été prépondérant pour mener à bien nos objectifs communs à 3 niveaux :

  • Comme joueur (Élu 2 fois meilleur demi-centre en Proligue) ;
  • Comme homme de vestiaire (il a toujours été à l’écoute des autres et a souvent réparé quelques âmes « égarées » …) ;
  • Comme ambassadeur du LH, il aura crédibilisé notre projet en motivant d’autres joueurs de renom à rejoindre le club.

Lors de mes premières rencontres avec Romain, j’ai bien compris que son projet était également un projet familial, je crois que l’on a su lui apporter le cadre de vie qu’il souhaitait pour sa famille.

Nous avions proposé à Romain de continuer l’aventure avec nous la saison prochaine, mais je pense qu’il fait un très bon choix en rejoignant l’encadrement sportif du club de Toulouse, il y a des opportunités qu’il ne faut pas laisser passer dans la vie, et nous prendrons toujours plaisir à nous retrouver au bord des terrains.

Profitons tous de la phase retour pour voir Romain encore évoluer sur les terrains, nuls doutes qu’il donnera le meilleur et contribuera encore aux bons résultats du LH.

Le sport est fait de belles et de moins belles rencontres humaines, celle-là restera pour moi une merveilleuse rencontre. » 

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